Quatre nouveaux individus de l’espèce de geckos Hemidactylus bouvieri redécouverts au Cap-Vert, sur l’île de Santa Luzia !  !

Lors de leur dernière mission en mars 2023, les équipes de l’ONG BIOSFERA et des techniciens internationaux ont réalisé plusieurs études et repéré quatre nouveaux individus de l’espèce de geckos Hemidactylus bouvieri dans la Réserve naturelle de Santa Luzia au Cap – Vert.

Les écosystèmes insulaires sont des écosystèmes extrêmement fragiles et l’introduction d’espèces invasives peut complètement bouleverser l’équilibre écologique et conduire à l’extinction d’espèces, voire de groupes entiers de biodiversité. C’est exactement ce qui s’est passé sur l’île de Santa Luzia, la plus grande zone terrestre de la réserve naturelle.

L’introduction, par l’homme, d’espèces invasives telles que les chats et les rats, ainsi que l’utilisation extensive du bétail, ont eu un impact négatif sur de nombreux oiseaux marins et reptiles terrestres, qui ont abandonné l’île ou ont été consommés, ce qui a entraîné une réduction de leur population et, dans certains cas, l’extinction de l’espèce. Dans le cas spécifique des reptiles, tant dans les systèmes insulaires que dans d’autres habitats moins fragiles, la présence de chats peut avoir des effets dévastateurs sur leurs populations.

Actuellement, il existe quatre espèces de reptiles terrestres dans les Desertas (nom de la réserve naturelle de Santa Luzia). Des doutes subsistent quant à la présence d’une cinquième espèce classée comme éteinte, mais qui a été observée récemment (lézard géant – Chioninia coctei). Dans le cas particulier de l’île de Santa Luzia, il existe deux espèces de geckos (Tarentola raziana et Hemidactylus bouvieri) et une espèce de lézard (Chioninia stangeri).

En tenant compte des études récentes réalisées par des groupes de chercheurs portugais, des étudiants nationaux ainsi que des techniciens de Biosfera, on peut dire que les populations de deux des espèces présentes sur l’île (Chionina stangeri et Tarentola raziana) sont stables et n’ont pas subi d’impact dévastateur sur leurs populations sous l’effet d’espèces invasives. Cependant, les effets sur la population d’Hemidactylus bouvieri ne sont pas encore tout à fait clairs.

Au cours des dix dernières années, un seul individu d’Hemidactylus bouvieri a été trouvé sur l’ensemble de l’île, ce qui nous a fait penser que l’espèce pourrait être au bord de l’extinction sur l’île. De manière générale, cette espèce est considérée comme étant en danger critique d’extinction selon les critères de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et selon la première liste rouge du Cap-Vert. A Santa Luzia, sa distribution semble se limiter à des zones plus élevées, à des altitudes d’environ ou plus de 200 mètres, et avec un peu plus d’humidité, où se trouvent les arbustes endémiques de tortolho (Euphorbia tuckeyana). C’est dans ces conditions que le dernier individu d’Hemidactylus avait été trouvé en 2012, dernière mission en date de l’organisation Biosfera.

En mars 2023, les équipes de l’OSC sont retournées sur le terrain, dans le cadre du projet « Gestion durable et suivi des espèces menacées et des écosystèmes vulnérables dans la Réserve de Santa Luzia », financé par le PPI. Au total, 4 nouveaux individus d’Hemidactylus ont été trouvés, dans les mêmes conditions biogéographiques décrites ci-dessus.

Cette redécouverte récente, et le fait que les espèces invasives telles que les chats et les rats aient été contrôlées/éradiquées de l’île ces dernières années,  donnent de l’espoir à l’organisation pour la survie de l’espèce. Dans les années à venir, les équipes continueront à explorer l’île et à étudier cette petite population et toute autre qui pourrait émerger à l’avenir.