Améliorer la gestion et la gouvernance de la rivière Alibori (Nord Bénin) afin d’optimiser la préservation des espèces menacées et de leurs habitats ainsi que des bénéfices écosystémiques associés !
Published on 16 décembre 2021Le bassin de la rivière Alibori (13 740 km²) est situé au Nord-Ouest Bénin. Il fait partie intégrante de la réserve de biosphère transfrontalière du Parc W au Bénin et de la zone cynégétique de la Djona dont les zones humides sont classées site Ramsar 1668. Il s’étend sur une superficie de 13.740 km² et couvre principalement les communes de Banikoara, Gogounou, Kandi, Karimama et Malanville, toutes situées au nord-Ouest du Bénin (environ 700 km de Cotonou la capitale économique). Il joue un rôle prépondérant au plan socio-économique et constitue un ensemble d’écosystèmes aquatiques de grandes importances écologiques dont dépendent plusieurs espèces au nombre desquelles Heterobranchus longifilis, Heterotis niloticus, Synodontis arnoulti, Crocodylus succhus, Python sebae, etc., actuellement inscrites sur la liste rouge de l’UICN ou intégralement protégées en République du Bénin.
Parmi les principales menaces qui pesaient aujourd’hui sur la biodiversité de ce bassin versant il y a notamment l’extension de la monoculture intensive de coton caractérisée par des pratiques culturales et phytosanitaires peu durables, le comblement des mares, le non-respect des couloirs de transhumance, le laxisme dans l’application des textes règlementant l’usage des pesticides et la gestion durable des bassins versants.
Présentation du projet PPI
Le projet de « Gestion durable du bassin de la rivière Alibori (Nord Bénin) » est une initiative de l’ONG Aquaculture et Développement Durable (AquaDeD) en partenariat avec la Mairie de Banikoara. Soutenu par le Comité français de l’UICN dans le cadre du PPI-5, ce projet mobilise les comités de gestion des mares de Banikoara, Kandi et Gogounou qui sont au cœur de la gestion de ces écosystèmes de grande importance dans le bassin de la rivière Alibori. Suite à un diagnostic participatif réalisé avec les parties prenantes en amont de la rédaction du projet, plusieurs actions prioritaires y avait alors été identifiées pour réduire les menaces qui pesaient sur la biodiversité, la productivité et la jouissance des services offerts par ces écosystèmes. Il s’agissait de :
– promouvoir des pratiques de production et d’exploitation respectueuses de l’environnement, économiquement rentables et socialement viables ;
– restaurer et protéger les écosystèmes aquatiques (qualité des eaux, biodiversité, habitats, etc.) ;
– rendre disponible et vulgariser (en langues locales notamment) les textes et lois règlementaires en vigueur ;
– développer des activités piscicoles durables et rentables dans les mares notamment.
Nos succès avec le projet PPI…
En dépit des perturbations liée à la COVID-19, aux élections communales et présidentielles ou encore à la sécheresse particulièrement sévère et longue cette année, nous avons atteint aux côtés des bénéficiaires, plusieurs résultats. Au nombre de ceux-ci, on peut évoquer :
– La collecte et la sécurisation de plus 4 000 emballages vides de pesticides autrefois rejetés dans les écosystèmes aquatiques ;
– La prise d’un arrêté communal par la Mairie de Banikoara dans le but d’améliorer la gestion des bassins versants de la rivière Alibori sur le territoire de la Commune ;
– 01 recueil de textes règlementaires sur la gestion des pesticides et des bassins versants a été édité et vulgarisé en français, Bariba et fulfudé ;
– 04 conventions locales de gestion participative des mares ont été élaborées, validées, adoptées et mises en œuvre au niveau des mares de Batran, Sori, Tissarou et Gambané;
– Le reboisement et la sécurisation des berges de 04 mares d’importance écologique ;
– 1,5 ha de zones de fraies aménagées et/ou mis en défend au niveau des mares ciblées
– 04 mares ont été empoissonnées avec plus de 5 200 alevins de synodontis, heterotis, clarias et tilapia afin d’optimiser leur productivité halieutique tout en préservant les écosystèmes concernés;
– 47 membres des comités de gestion des mares ciblées et agents des ATDA et Mairies ont été formés sur les bonnes pratiques piscicoles dans les mares ciblées.
Et la suite…
Les résultats ici présentés ne sont qu’une ébauche des progrès réalisés pour une gestion durable des écosystèmes aquatiques du bassin de la rivière Alibori. En ce qui nous concerne, plusieurs défis restent encore à relever.
Les plus importants sont sans doute :
– le suivi des espaces reboisés notamment des berges qui, malgré les actions entreprises restent fragiles et subissent diverses pressions aussi bien de la part des transhumants que des agriculteurs installés en périphérie.
– le recyclage des emballages vides de pesticides sécurisées. Au-delà des emballages récupérés, l’ONG poursuit actuellement les discussions avec les mairies pour un plaidoyer au plus haut niveau impliquant la SODECO (qui fournit les pesticides) et l’interprofession coton (AIC) afin d’organiser des campagnes nationales de collecte et traitement de ces déchets toxiques évalués à plusieurs dizaines de millier par an pour le seul bassin de l’Alibori.