Entretien avec Silvana Roque, directrice exécutive de l’ONG Terrimar au Cap – Vert

1.Pouvez-vous vous présenter et expliquer pourquoi vous avez voulu développer votre ONG à Santo Antao au Cap-Vert ? 

Je m’appelle Silvana Monteiro Roque, je suis biologiste et directrice exécutive de l’ONG de Cabo Verdienne Terrimar – Ambiente e Desenvolvimento Sustentável (https://www.facebook.com/Terrimar.santoantao). 

En 2011, j’ai décidé de créer cette ONG à Santo Antao car, jusqu’à cette date, le braconnage des tortues de mer atteignait des chiffres alarmants et il n’y avait aucune initiative de protection des tortues marines sur cette île. 

En outre, Santo Antão est une île dotée d’importants écosystèmes marins et terrestres (plantes endémiques, espèces marines menacées, oiseaux, etc.) et de paysages exceptionnels assez unique au Cap-Vert (montagnes, vallées, petites rivières, etc.) confrontés à différents types de menaces (agriculture, construction, par exemple). Mais il n’y avait pas encore beaucoup d’initiatives actives de conservation. Nous avons donc estimé qu’il était nécessaire de commencer à étendre la conservation à d’autres espèces et habitats. 

2.Vous travaillez depuis longtemps à la conservation de la biodiversité, quelle est la chose dont vous êtes la plus fière ? 

J’ai travaillé pendant 15 pour la direction nationale de l’environnement. Je suis fier d’avoir contribué à la phase de création et de mise en œuvre du système de zones protégées du Cabo Verde grâce à mon travail sur la collecte de données, le SIG et la gestion des zones protégées.  

Je suis également fière d’avoir créée deux ONG nationales qui travaillent toujours au Cabo Verde : Terrimar et Projecto Vitó. Ces différentes initiatives ont mis en lumière l’existence d’une biodiversité menacée dans le pays et ont contribué à lancer des activités de conservation et de divulgation. J’ai vu beaucoup d’évolution au cours des 20 dernières années. 

3.Vous êtes une femme à la tête d’une organisation, comment pensez-vous que nous pouvons encourager plus de femmes à s’engager dans la conservation de la biodiversité ?

Être une femme à la tête d’une organisation au Cabo Verde est une tâche complexe parce que nous sommes dans un pays extrêmement masculin, et que nous sommes constamment confrontés à des situations difficiles. Pour les femmes qui souhaitent s’engager dans la conservation de la biodiversité, il est nécessaire de promouvoir des conditions qui encouragent leur participation aux activités de conservation, et elles doivent être psychologiquement fortes pour faire face aux défis qui se présentent. En outre, elles doivent être inspirées par des femmes qui ont réussi et croire en leur potentiel. C’est formidable de voir plusieurs ONG dans le pays dirigées par des jeunes femmes, c’est très encourageant ! 

4.Quels sont les prochains objectifs de Terrimar ? 

Terrimar est une organisation en pleine croissance. Nous sommes en train de mettre en œuvre notre stratégie à 5 ans (2021-2025) avec le soutien de différents donateurs (PPI, CEPF, MCAF, FFI) et même avec le soutien d’autres ONG du Cabo Verde (Biosfera, Projeto Biodiversidade). Nos prochains objectifs sont de poursuivre et de consolider cette croissance, en nous concentrant sur les activités de terrain mais aussi sur notre développement organisationnel. Pour cela, nous avons un plan de développement organisationnel qui devrait nous aider à devenir une organisation plus forte, avec des capacités internes pour promouvoir tous nos objectifs de conservation. Nous devons continuer à mobiliser des ressources financières pour cela.

En outre, nous avons l’intention de continuer à sensibiliser les citoyens, les décideurs politiques, les entreprises à l’importance de la conservation des espèces et de leurs habitats comme moyen d’atteindre le développement durable souhaité.